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Commentaire | Des chiffres et des naissances

 

Près de 20.000 bébés sont nés sous les bombes à Gaza. Dans ce vaste amas de ruines, de désolation et de deuil, une lueur d’espoir renaît avec ces nouvelles naissances. En tuant les enfants et les mères, Israël s’acharnait à détruire la vie à Gaza. Calculs cyniques qui n’ont mené nulle part. Les femmes enceintes dans l’enclave seraient 50.000 dont plus de 180 accouchent chaque jour, d’après l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens. «Cela représente un bébé né toutes les 10 minutes», a déclaré, lors d’une conférence de presse tenue à Genève, Tess Ingram, porte-parole du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).

En 2020, la population des territoires palestiniens est de 5,1 millions d’habitants ; 3,1 millions en Cisjordanie et 2 millions dans la bande de Gaza. Le taux de fécondité dans les territoires palestiniens en 2019-2020 est de 3,9 enfants à Gaza et de 3,8 en Cisjordanie.

Malgré toutes les tentatives d’Israël, la population se porte bien et les femmes palestiniennes continuent d’enfanter. Dans quelles conditions aujourd’hui ? C’est notre propos.

Des 36 hôpitaux de Gaza, seuls 13 sont partiellement opérationnels, selon l’OMS. Les femmes qui ont la chance d’accoucher dans un hôpital, donc d’être prises en charge, sont libérées 3 heures après leur accouchement, même en cas de césarienne. La coordinatrice d’urgence de Médecins sans frontières à Gaza dénonce des conditions d’accouchement terrifiantes !

Aux douleurs de l’accouchement s’ajoutent d’autres souffrances générées par ces très mauvaises conditions. Pas de nourriture suffisante pour les mères allaitantes et pour les nourrissons, pas de médicaments ni d’eau salubre. Ainsi, les droits universels des femmes et des nouveau-nés sont piétinés impunément par Israël, non pas depuis le 7 octobre, mais depuis plus de 75 ans.

Aujourd’hui, les 20.000 nouveau-nés sont de fait condamnés à la malnutrition et aux maladies. Et 135.000 enfants palestiniens de moins de 2 ans courent un «risque grave» de malnutrition, alerte encore l’Unicef. Sa porte-parole Ingram ajoute que «la situation des femmes enceintes et des nouveau-nés dans la bande de Gaza est au-delà de toute croyance, et cela exige des actions intensifiées et immédiates». C’est une situation, dénonce-t-elle, que l’humanité ne peut pas considérer comme normale.

La porte-parole de l’Unicef ne croyait pas si bien dire. A ce détail près, lorsqu’il s’agit de la Palestine, les frontières entre le normal et l’anormal se brouillent, comme celles entre le bien et le mal. Les victimes sont considérées comme des bourreaux et les criminels, les éternelles victimes.

Face aux crimes perpétrés tous les jours à Gaza, les gouvernants, précisément, occidentaux, regardent ailleurs, en s’efforçant de trouver cela normal. Ils sont frappés de cécité, de surdité et de mutisme. Quant à leur humanité, elle est morte et enterrée avec les dizaines de milliers de Palestiniens, hommes, femmes, enfants et bébés injustement tués.

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